Fier d’être camerounais?

Lorsqu’on aborde ce sujet, très souvent on pense d’abord au football. A juste titre, et personnellement, j’ai deux évènements en mémoire qui le justifient. D’abord en octobre 2000, lors du match amical France-Cameroun, j’ai vu pour la première et la seule fois de ma vie, des journalistes français s’extasier devant un but encaissé par l’équipe de France, au stade de France. Ensuite lors de la coupe du monde qui suit, on attend le début d’un match dans la salle télé de ma résidence universitaire, lorsqu’il y a un but de Roger Milla à la coupe du monde de 1990 qui repasse. Et là, à ma grande surprise, je vois des gens bondir, s’embrasser et hurler de joie. Pour un but marqué douze années auparavant.

Ajoutons à cela l’art culinaire traditionnel camerounais qui a réussi à produire des plats tels que le ndolè, l’okok, le koki et le taro, qui sont pour moi des merveilles de la nature. Les particularités géographique, climatique et culturelle de ce pays qui en font une « Afrique en miniature ». Alors, on ne peut qu’être fier d’être camerounais. Et le makossa, et le bikutsi, et le mangambeu.

Et pourtant, il y a comme un malaise. Il y a comme un esprit malin qui s’acharne à nous distraire cette légitime fierté, en nous assaillant de questions auxquelles les réponses, ou l’absence de réponse, nous mettent mal.

Comment comprendre que dans un pays qui se dit pauvre, les sommes évoquées dans des affaires de détournements atteignent des sommets qui donnent le vertige? Comment comprendre que dans un pays qui se dit démocratique, on ne trouve pas d’autres moyens que de verser du sang pour calmer des revendications sociales, tout à fait justifiées du reste. Comment comprendre que dans un pays qui se veut être un havre de paix, des malfrats puissent tenir la population à leur merci pendant des heures sans qu’il ne leur soit opposé aucune résistance?

Sur le plan économique , le Cameroun est considéré comme la locomotive de la sous-région. Mais des camerounais se font molester dans les pays voisins sans que cela ne soulève la moindre réaction sur le plan diplomatique. Pire encore, des malfrats se permettent de venir du Tchad, du Nigéria nous attaquer sur notre propre sol. Ce qui était tout simplement impensable et inimaginable il y a encore quelques années. Et ils repartent les doigts dans le nez! On peut se demander dès lors ce que vaut notre armée, pourtant si prompte à verser le sang de nos compatriotes.

J’ai mal à mon pays, très mal et plus ça va, plus ça s’aggrave.

17 réflexions sur “Fier d’être camerounais?

  1. Ce que tu ressens je crois que tous les camerounais (du moins ceux qui ne pillent pas ce pays) le ressentent. Moi je suis tout simplement dégoûtée et puis je me dis « sérieux à quoi çà sert au fait d’en parler? » franchement! les choses ne vont qu’empirant!
    le camerounais n’est en sécurité nulle part, il se fait attaquer chez lui, ailleurs, il se fait attaquer par ses frères, il se fait attaquer par des étrangers!
    Fier d’être camerounais?
    Même le président n’est pas en sécurite (vraiment drôle), il se fait voler sa malette d’argent aussi facilement qu’on m’a piqué mon portefeuille dernièrement. çà il vaut mieux en rire pour ne pas pleurer.
    Fier d’être camerounais?
    hum!

  2. Finalement, on est fier d’être camerounais quand on est en sécurité….

    Autrement, la peur de se faire tuer au moindre endroit doit effacer très rapidement le sentiment de fierté.

    Donc, comme pour le moment, je suis en sécurité…

  3. @Etum, on a des raisons d’être fiers de nos origines, de bonnes raisons mêmes. Mais on ne doit pas fermer les yeux sur ce qui se passe à côté. C’est quand même très grave.
    @Nino, je suppose que c’est de l’ironie…

  4. TiAya, merci ! Cela fait des années que je pressens une « zaïrianisation » du Cameroun. Et quand j’en parle, on me voit comme un oiseau de mauvais augure antipatriote. Comme s’il n’y avait pas des constantes dans l’histoire des hommes… Le Cameroun est menacé du Nord (Tchad), de l’Ouest (Nigeria) et de l’intérieur (succession de Biya hasardeuse, inachèvement de la construction nationale…)
    De quoi demain sera fait ? Si le vieux Bi Mvondo meurt, qu’est-ce que SES GENS nous réserveront ?

  5. Nino,
    Je te comprends c’est vrai nous sommes au chaud à l’extérieur. Mais je te rassure je vais deux fois par an au pays et je n’ai pas peur pour ma vie meme si je devrais. Je me sens meme plus en sécurité au pays qu’ici en occident. Avec la crise actuelle je me retrouve sans le sous je suis mort et je peux te dire que ca c’est plus grave

  6. @Théo, ça fait partie des contradictions de notre pays. Tout va mal, mais la moindre critique est vécue comme une attaque personnelle. Tout va mal, mais on ne se souvient pas de la dernière fois qu’un responsable a été viré pour incompétence.
    Tu n’es pas le seul à te poser des questions sur ce que l’après Biya nous réserve.

  7. Ti Aya,
    Des incompétents on en vire tous les jours au pays. Pas assez je suis d’accord mais on en vire quand meme.
    Sinon Biya partira un jour ce qu’il faut préparer c’est comment faire en sorte que l’apres biya ne soit pas un sujet de debat ce n’est pas son pays mais le notre avec ou sans lui il doit se developper.

  8. Etum, je fais une nuance entre virer des gens incompétents, et virer des gens pour incompétence. Lorsqu’on vire un incompétent pour des questions d’équilibre régional, ou parce qu’il a lorgné la place du Prince de trop près, ou pour toute autre raison liée à la politique, ça ne rentre pas dans le deuxième cas.

  9. Je ne sais pas si la relation ou le sentiment qui m’anime par rapport au Cameroun se définit en terme de fierté or not-fierté. A moins qu’on ne parvienne à faire un net distingo entre 2 choses:
    – Pointer d’un doigt sévèrement accusateur la situation du pays et tous ceux qui en sont responsable. Et à l’occasion, y a de l’amertume à voir ce que le pays devient, une situation dont on perd le plaisir à évoquer avec ses amis, etc.
    – Le pays, pour beaucoup, selon la fcon dont chacun a construit son identité, reste ce qui nous définit le mieux. Aussi intégré qu’on le sera sous n’importe quel cieux sous lesquels on se retrouvera, au moins pour cette génération, « camerounais » reste ce qui nous définit le mieux. A moins de s’auto-détester… on ne peut qu’avoir un minimum de fierté.

    Paul Mbiya, rend-nous notre pays!

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